Ce qu’il faut savoir sur la meute de chien
Les meutes de chiens sont des constructions fascinantes, entourées de croyances erronées.
La définition de la meute de chiens
Le chien s’organise en meute à l’état sauvage ou, de nos jours, lorsque des chiens de travail sont amenés à vivre et œuvrer ensemble.
Il s’agit d’une organisation hiérarchique destinée à protéger chaque animal en lui assignant un rôle dans la vie de la troupe ; défense, chasse, protection des jeunes…
Les différents rôles sont généralement associés à des caractères grecs (alpha, bêta…) mais sont plus complexes qu’une simple organisation verticale !
La meute de chiens domestiques
Il existe encore de nombreux et nombreuses professionnelles qui pensent qu’une logique de meute est applicable avec son chien de compagnie.
Cependant, si les chiens ont été domestiqués, c’est bien pour les faire fonctionner dans la hiérarchie d’un foyer et pas pour s’improviser chien sauvage !
Avec votre Labrador ou Yorkshire domestique, donc, pas besoin de vous mettre à quatre pattes et de grogner pour affirmer votre place au sein de la meute et créer une logique de groupe fonctionnelle.
Plusieurs chiens au sein d’un foyer forment-ils une meute ?
Lorsque l’on a plusieurs chiens au sein d’un foyer, une hiérarchie va naturellement se mettre en place, qui peut ressembler à celle de la meute.
Il faut toutefois noter que la plupart des chiens ont été reproduits pour gommer cet instinct afin de fonctionner plus facilement au sein d’une famille humaine, et qu’on ne les retrouve donc que chez les animaux les plus proches des spécimens sauvages, comme les chiens-loups ou les chiens de chasse.
Ceux-ci ont été reproduits spécialement pour fonctionner en meute afin d’optimiser leur efficacité dans les tâches du quotidien. Chez des chiens de compagnie, des relations de dominance s’exercent, mais leur mesure est souvent moindre.
De grandes différences avec le loup
La plupart des théories sur les meutes de loup ont été réfutées lorsque l’on s’est rendu compte que les « meutes » étudiées étaient des loups en captivité et non des spécimens à l’état sauvage. Si les loups fonctionnent effectivement en meute, sa formation est bien moins rigide qu’on ne le croyait auparavant, et est plus utilisée lors des grands déplacements que dans le quotidien du loup.
Le chien de travail, lui, n’a pas besoin de survivre aux autres animaux ou aux périodes de famine. Son organisation en meute est généralement pensée pour améliorer son efficacité plus que pour de la survie pure et dure.
De nombreuses idées reçues
Ainsi, les nombreuses photographies attribuant à chaque loup marchant dans la neige un rôle rigide et bien défini ont depuis longtemps été démenties, et cette logique ne s’applique pas plus aux chiens domestiques.
Il est généralement admis qu’un chien sauvage ou précédemment domestique et retourné à l’état sauvage tentera d’intégrer une meute pour sa survie, mais les exemples manquent dans la plupart des pays, les canidés sauvages étant de plus en plus rares en raison de la chasse et de l’urbanisation.
On peut cependant trouver l’exemple du coyote ou du dingo qui fonctionnent encore en meutes, mais la main humaine joue un grand rôle dans les zones habitées par ces animaux et peut donc fausser largement les résultats des observations.
Des organisations sujettes au changement
Il est également important de noter que les dynamiques de meute sont souvent fluides ; les capacités de chaque membre évoluent, et chaque animal possède son propre caractère.
Ainsi, les formations des groupes sociaux ne sont pas gravées dans la roche, et dépendent entièrement des animaux les composant ! Des chiens adultes peuvent donc assumer plusieurs rôles successivement ; il n’existe pas de chiens dominants ou de chiens soumis naturellement et de manière immuable.
Le fonctionnement d’une meute
La meute de chiens repose en grande partie sur la communication entre les individus. Ainsi, vivre en meute est partiellement inné, mais beaucoup de choses doivent être apprises par les nouveaux venus !
La communication, qu’elle soit sous forme de vocalises ou de gestuelle corporelle ou faciale (grognements, roulades, morsure du dos des autres chiens ou même hurlements), est un art qui peut être difficile à appréhender si le chien n’a pas été sociabilisé très tôt.
Encore une fois, cela dépendra de l’individu, de sa capacité d’adaptabilité, mais aussi de la manière dont sa lignée aura été reproduite et de sa proximité avec ses ancêtres sauvages.
La survie grâce au nombre
Dans la nature impitoyable, il est plus facile de survivre si l’on peut compter sur ses congénères. Les individus en bonne santé pourront ramener la pitance pour les jeunes, les chiens âgés, blessés ou malades, tandis que les chiens incapables de chasser peuvent s’occuper des petits, leur apprendre les règles de la vie en communauté.
Que la meute se développe à partir d’un couple alpha se reproduisant ou à partir de chiens de différents âges se regroupant, les hiérarchies sont vouées à être fluides en fonction des capacités de chacun à un moment donné, mais aussi des combats qui peuvent prendre place.
Dans l’idée de la survie de la meute, tout est fait pour que le combat soit évité tout en gardant une hiérarchie fonctionnelle, avec des conflits minimaux.
La meute pour la chasse
C’est dans la chasse à courre que l’on voit le mieux l’intérêt de la meute de chiens domestiques. Tandis que certains vont aller débusquer la proie, d’autres vont se tenir à l’orée d’un périmètre défini pour la ramener vers l’individu en charge de la chasse (généralement un être humain ; cela sera bien sûr différent avec les meutes de chiens ou de loups qui vont généralement permettre aux membres des rangs les plus élevés ou aux plus jeunes et/ou faibles de se sustenter en premier).
De nouveaux objectifs
Bien sûr, la domestication du chien a changé ces objectifs par rapport à ceux du loup ; plus besoin de chasser sa propre nourriture ou de se prémunir des autres meutes ou d’éventuels prédateurs.
La meute n’est plus axée sur la survie, mais sur la stratégie et l’efficacité. Les agressions hiérarchiques avec ou sans combat sont généralement bien plus rares qu’au sein de meutes sauvages.
Un groupe social parfois hétérogène
Si cette théorie est largement débattue, on trouve tout de même certaines études corroborant un fonctionnement en cercles concentriques, s’articulant autour d’un individu ou d’un couple alpha.
Encore une fois, ces postulats sont souvent révisés et manquent de données sérieuses pour être tout à fait approuvés.
Le couple alpha
Selon les croyances traditionnelles, on trouve au sommet de la pyramide hiérarchique le couple alpha, constitué des éléments mâle et femelle les plus forts physiquement, ou, plus souvent, les plus intelligents. Ce sont eux qui auront droit de décision pour la meute.
Les chiens bêta
On pense que les chiens bêta sont les « bras droits » du couple alpha. Ils assurent sa protection et l’aident à faire régner l’ordre au sein de la meute, souvent avec une carrure imposante, taillée pour de telles responsabilités.
Les chiens gamma
Le groupe des chiens gamma pourrait être constitué de plusieurs sous-groupes au fonctionnement fluide. Pour garder cet article simple et clair, partons du principe que les chiens gamma sont en charge de donner l’alerte en cas de danger, mais aussi et surtout d’éduquer les petits en leur apprenant la communication avec les autres membres de la meute, la chasse, et tous les aspects essentiels de la survie.
Les chiens oméga
Enfin, on pense que le groupe des chiens oméga, en plus d’accueillir les chiens âgés, les jeunes, les individus affaiblis par la maladie ainsi que les nouveaux venus serait le groupe des « bouc émissaires ». Selon les croyances, ils seraient donc les victimes de la frustration des chiens de rangs plus élevés, limitant les combats dans les sphères les plus importantes de la meute.
Les races de chiens fonctionnant en meutes
Comme mentionné précédemment, certaines races sont plus disposées à adopter un fonctionnement en meutes. Ce sont généralement les races de travail, reproduites dans l’idée de les faire fonctionner en groupes sociaux taillés pour la tâche à accomplir.
Les chiens de chasse
Il existe plusieurs types de chiens de chasse, du chien courant comme les lévriers aux chiens de déterrages de la famille des Terriers, en passant par les chiens d’arrêt comme le Pointer, pour n’en citer que quelques-uns.
Tous ces chiens sont spécifiquement entraînés pour un type de chasse, et chaque type de chasse demande une organisation différente pour la meute. Voici quelques exemples.
Les Terriers
Les chiens de déterrage se glissent dans les terriers pour en faire sortir les occupants. Ils doivent être agiles et rapides, et l’agencement en meute fait partie de leur vie quotidienne comme de leur travail à la chasse.
Le Beagle
Les chiens courants comme le Beagle sont d’excellents sprinters, en plus d’avoir un nez très fin. En fonction du gibier traqué, on ne choisira pas forcément le Beagle mais parfois plutôt le Poitevin, notamment pour la traque du sanglier. En formation, ils peuvent traquer et suivre le gibier afin d’y mener le chasseur.
Le Chien d’ours de Carélie
Pour les chiens de chasse au gros gibier, savoir fonctionner et communiquer en meute est indispensable pour limiter les risques inhérents à la chasse de proies de taille. Quand ours, lions ou pumas sont traqués, mieux vaut pouvoir compter sur ses camarades de meute !
Le rôle de la meute pour le chien de chasse
Selon le type de chasse, les rôles de la meute diffèrent. Certains types de chasse comme la chasse au petit gibier avec chien d’arrêt ne nécessitent pas la mobilisation d’une meute, mais ces chiens fonctionnent tout de même mieux avec ce type d’organisation dans leur vie quotidienne.
Pour les chiens dont le fonctionnement en meute est nécessaire pour la chasse, il peut s’agir de lever le gibier, de le traquer, de prévenir le chasseur ou encore de déstabiliser la proie. Le rôle de la meute est également un rôle de sécurité ; avoir plusieurs chiens évitera à la proie de s’attaquer à un chien en particulier en divisant son attention.
Les chiens de traîneau
Les attelages de chiens de traîneaux ont des formations différentes des meutes classiques. Ils peuvent contenir des mâles ou des femelles, dans les proportions choisies par le musher, c’est à dire le conducteur du traîneau. Pour les courses de vitesse, on compte des attelages de 2 à 9 chiens, et 10 ou plus pour les trajets longue distance reposant sur l’endurance.
Il existe une dizaines de races utilisées comme chiens de traîneaux ; en voici trois parmi les plus répandues.
Le Husky d’Alaska
Croisement de Husky sibérien et d’autres races multiples et variées, le Husky d’Alaska est l’un des chiens de traîneaux préférés pour sa rapidité et son endurance. Pour ces raisons, ce croisement constitue plus de 80 % de tous les chiens de traîneaux !
Le Malamute
Le Malamute d’Alaska est relativement peu utilisé en raison de sa lenteur. Ce mastodonte est capable de tirer (et de protéger) n’importe quel attelage, peu importe la distance. Cependant, en raison de sa taille, il n’est pas adapté aux voyageurs et voyageuses les plus pressées, ce qui le disqualifie presque automatiquement de la plupart des courses.
Le Samoyède
Avec son air de nuage, le Samoyède est un chien que l’on associe typiquement aux étendues enneigées. Cependant, lui aussi souffre d’une vitesse moindre, même s’il est un chien obéissant et endurant. Ainsi, il se fait souvent détrôner par le Husky d’Alaska.
Le rôle de la meute pour le chien de traîneau
Selon leur place dans l’attelage, les chiens auront des noms et des responsabilités différentes.
- Les chiens de tête, ou leaders, sont généralement les deux chiens les plus malins et obéissants pour réagir à chaque ordre au quart de tour, mais pas forcément les chefs de meute ;
- Juste derrière les chiens de tête (qui sont d’ailleurs souvent des chiennes), on trouve les swing dogs dont le rôle est d’assister aux manœuvres, ou de remplacer exceptionnellement les leaders en cas de problème ;
- On trouve ensuite les team dogs, regroupant le gros de la meute. C’est la force brute qui tire le traîneau et retient la vitesse. Elle comprend souvent les jeunes chiens qui vont apprendre les règles aux côtés des chiens plus chevronnés.
- Juste devant le traîneau, on a enfin les wheel dogs, les individus les plus musculeux dont le rôle est de donner l’impulsion au traîneau.
Un équilibre fragile
Pour le bon fonctionnement de l’attelage, on couple généralement des chiens dont l’entente est bonne, qui peuvent être des chiens de même sexe et généralement de taille similaire au sein d’une paire, et c’est ici que vient se jouer tout le rôle de la meute.
Sa hiérarchie n’est pas forcément respectée dans l’établissement de l’attelage, mais elle aura un grand rôle à jouer entre les étapes des courses. En cas de besoin ou pour faire apprendre aux individus de nouvelles compétences, les chiens peuvent parfois être interchangés.
Chien de chasse | Intérêt de la meute | |
Terriers | Déterrage des proies | |
Beagle | Suivre et mener aux proies | |
Chien d’ours de Carélie | Protection | |
Chien de traîneau | Intérêt de la meute | |
Husky | Tirer l’attelage | |
Malamute | Tirer et protéger l’attelage | |
Samoyède | Tirer l’attelage |
Notre avis
Les meutes de chiens sont souvent fantasmées comme la plus belle expression de leurs instincts, mais tous les chiens ne sont pas capables d’un fonctionnement de meute. De plus, avoir plusieurs chiens vivant ensemble n’en fait pas une meute !
La meute est pensée pour répondre à des besoins précis, qu’il s’agisse de survie ou de travail. Elle est une entité fluide et conçue pour l’efficacité qu’il est fascinant d’observer !
FAQ
Est-ce que tous les chiens peuvent former une meute ?
Certains chiens, même s’ils sont sociables, ne sont pas adaptés à la vie en meute. On pense notamment aux chiens de compagnie et d’agrément reproduits pour vivre seulement avec des êtres humains.
Comment s’appelle le chef d’une meute de chiens ?
Le plus haut placé dans la hiérarchie de la meute est l’alpha. Chez le chien, ce chef de meute peut être mâle ou femelle et prend généralement un ou une partenaire. Chez la meute de loups, on pense que seul un mâle peut prendre la place de chef de meute.
Comment connaître la place de mon chien dans une meute ?
Pour savoir quelle place aurait son chien dans une meute, pas d’autre solution que la mise en situation !
Combien de chiens pour former une meute ?
Une meute compte généralement une dizaine de chiens.
Comment fonctionne une meute de chiens ?
Une meute de chien adopte un fonctionnement hiérarchique pour gérer l’ organisation des repas, le territoire, la protection des jeunes et tous les autres aspects de la vie quotidienne des chiens sauvages ou domestiques.
Un canidé sauvage peut-il survivre sans meute ?
Il arrive que des canidés sauvages quittent leur meute ou décident de ne pas en rejoindre. Leur survie est plus complexe, mais possible.